Quand la ligne 14 du métro est inaugurée en octobre 1998, il s’agit de la première ligne de métro entièrement nouvelle réalisée depuis plus d’un demi-siècle à Paris ! Du lancement du projet à ses différents prolongements au nord et au sud, retour sur les étapes clés de ce projet emblématique.

1989 / Nom de code : Météor

C’est à la fin des années 1980 que le projet de créer une ligne entièrement automatique, la ligne Météor (qui signifie « Métro Est-Ouest rapide »), est lancé. Objectifs multiples : décharger la ligne A du RER saturée aux heures de pointe sur son tronçon central, desservir le pôle d’activités Seine Sud-Est et mieux desservir le sud du XIIIème arrondissement de Paris.

Conférence de presse durant laquelle Christian Blanc, PDG de la RATP, présente le projet Météor (1989) / Crédit photo : Bertrand Chabrol

1992 / Des travaux en profondeur

Les travaux sont lancés en 1992, avec plusieurs défis : définir les méthodes d’exécution, en se conformant aux particularités du sous-sol, à 15 mètres de profondeur. A l’œuvre notamment, le tunnelier Sandrine, véritable usine souterraine de 80 mètres de long, qui a permis de réaliser un tunnel de 4,5 kilomètres entre l’arrière-gare de Madeleine et le port de l’Arsenal. Autre enjeu technique, la traversée sous-fluviale avec l’installation de quatre caissons en béton précontraint, immergés dans le lit de la Seine.

Construction du passage sous-fluvial de la ligne 14 (1993) / Crédit photo : René Minoli

1998 / Une ligne automatique

Le 15 octobre 1998, la ligne 14 ouvre ses portes aux voyageurs. Inaugurée par Jacques Chirac, alors Président de la République, elle comporte sept stations et relie Madeleine à Bibliothèque-François Mitterrand. Il s’agit de la première ligne principale de métro à forte capacité dans une capitale à être exploitée en mode automatique ! Grâce à ses automatismes de conduite, l’intervalle entre deux rames a été resserré à 85 secondes : une grande prouesse technique.

Rame inaugurale de la ligne 14, avec Jacques Chirac, Président de la République, et Jean-Claude Gayssot, ministre des Transports (1998) / Crédit photo : Bertrand Chabrol

2003 / Le parti-pris architectural

La ligne 14 évolue en 2003 avec un premier prolongement au nord jusque Saint-Lazare, puis au sud en 2007 jusqu’à la station Olympiades. Des extensions qui, aujourd’hui encore, respectent une charte architecturale et stylistique, définie aux origines par l’architecte Bernard Kohn : de grands volumes mis en valeur par la lumière, afin de rendre les cheminements plus fluides et confortables. Ainsi, chaque station possède ses particularités : la « lentille » de Saint-Lazare, la serre tropicale de Gare de Lyon, ou encore le puits de lumière de Madeleine sont désormais des lieux emblématiques du métro.

Crédit photo : Didier Dupuy / Lentille de l’accès à la station Saint-Lazare, conçue par Jean-Marc Charpentier (2004)

2020 / Une dimension culturelle iconique
Autre marqueur d’identité de la ligne 14 : la présence d’œuvres d’art dans les stations, à l’image des médaillons « Tissignalisations » (Jacques Tissinier) qui embellissent la voûte de la station Madeleine. En 2009, est installé à Madeleine le vitrail monumental « Ryaba la poule » (Ivan Loubennikov) offert par le métro de Moscou. Le prolongement au nord de la ligne jusque Mairie de Saint Ouen en décembre 2020 reprend ces principes : vous pouvez ainsi admirer dans cette station l’installation immersive « To Breathe » (Kimsooja) ; à Pont Cardinet, une arche colorée (Tobias Rehberger) orne l’entrée de la station.

Œuvre d’art « Je ne suis jamais allé nulle part » de Tobias Rehberger, à la station Pont Cardinet / Crédit photo : Xavier Chibout 

2024 / La ligne de tous les superlatifs

En juin 2024, avec ses prolongements au sud de 14 km (jusqu’à Aéroport d’Orly) et au nord de 1,6 km (jusqu’à Saint-Denis Pleyel), la ligne 14 devient la plus longue du réseau existant et la colonne vertébrale du futur Grand Paris Express. 700 000 voyageurs sont désormais attendus chaque jour ! Bravo à toutes les équipes mobilisées pendant plus de huit années, depuis le début des travaux.

Crédit photo : Gilbert Lasne / Nouvelle station Thiais – Orly